La présentation du budget de
Paris pour 2015 est une nouvelle fois l’occasion pour Anne Hidalgo de se
féliciter de la bonne santé budgétaire de la ville de Paris. Pour la maire de
Paris, la comparaison avec ses congénères en atteste : sa ville est bien
gérée.
L’inconvénient est qu’une
photographie de la situation de plusieurs villes ne permet
ni de prendre en compte leurs différences structurelles, ni d’apprécier, dans
le temps, le sérieux de la gestion budgétaire des majorités successives.
Différences structurelles
d’abord. La maire de Paris se targue d’une taxe d’habitation nettement moins
élevée dans la capitale que dans les autres grandes villes de France mais se
garde bien de se vanter de la manne dont elle bénéficie : les droits de
mutation à titre onéreux. A Paris (ville + département), ils représentent
environ un huitième du budget. Ramenée au nombre d’habitants et sur la seule
ville de Paris, cette taxe est près de deux fois supérieure qu'à Bordeaux, ville de comparaison privilégiée d’Anne Hidalgo. Taxant les
transactions immobilières en fonction de leur prix, pesant sur l’acheteur et, in fine, sur le locataire, ces droits augmentent
mécaniquement avec le coût de l’immobilier, créant un système pernicieux dans
lequel les collectivités ont tout intérêt à la flambée des prix… à laquelle la
mairie de Paris contribue activement par sa politique de préemption de
logements privés.
Sérieux de la gestion
budgétaire ensuite. La maire de Paris se prévaut d’une dette par habitant moins
élevée qu’à Bordeaux ou Marseille. Or de 2001 à 2014, sous l’ère hidalguienne
(celle de la lumière), alors première adjointe, l’endettement de Paris a explosé
de plus de 300%. Sur la même période, celui de la seule ville de Bordeaux
diminuait. Entre 2007 et 2013, l’endettement a cru de 74% à Paris quand à Bordeaux (ville
et communauté urbaine) il n’augmentait que de 5%, soit moins que l’inflation.
Même la dette publique française (les fameux 600 milliards de dette…) ne s’est
alourdie « que » de 59% sur la période. C’est ainsi uniquement parce
qu’elle partait d’un très faible niveau d’endettement, héritage de Jean Tiberi,
que la mairie de Paris peut encore présenter un montant d’endettement
acceptable !
Evidemment, la maire de Paris
aura beau jeu d’avancer que le creusement de la dette s’explique par le déficit
d’investissement de l’époque tibériste (celle des ténèbres). Encore faudrait-il
qu’elle puisse justifier du bien-fondé de l’ensemble des investissements
réalisés sans se contenter de les invoquer comme un totem intrinsèquement
vertueux. Ainsi par exemple des 35 millions d’euros dépensés pour l’aménagement
des voies sur berge pour agrandir d’un mètre les trottoirs rive droite, installer
d’impénétrables jardins flottants et un escalier géant rive gauche quand la
simple fermeture des voies sur berge rive gauche n’aurait rien coûté. Il est
vrai que pour ce prix, les trottoirs sont en sus agrémentés de marelles. Si
c’est de cette façon que la vertueuse Anne Hidalgo prépare l’avenir, Paris peut
continuer à s’endetter tranquillement.