Après
le simulacre de sa première édition qui visait à faire choisir les Parisiens entre
des tipis et des marelles, conçus par l’exécutif parisien comme préparant le
Paris de demain, le budget participatif est entré dans une nouvelle phase de
plus grande ampleur et de plus grande participation, les projets n’étant pas
proposés par les élus mais par les Parisiens.
Le
budget participatif est-il pour autant de nature à « réenchanter la démocratie française », comme l’affirmait
modestement Anne Hidalgo dans Le Monde
daté du 16 septembre 2014 ?
Sur
son principe, d’abord. Si l’exécutif parisien souhaite promouvoir la démocratie directe, Anne
Hidalgo évoquant, décidément sans crainte du ridicule, « une votation qui n’aura rien à envier aux plus belles
manifestations de démocratie directe dont s’inspire notre République »,
mieux vaut utiliser le référendum sur des projets structurants qu’offrir au peuple l’aumône de 5% du budget d’investissement scindés en innombrables petits
projets, souvent ludiques et égoïstes, qui ne feront pas le Paris de demain. En
fait, si l’exécutif parisien voulait discréditer la démocratie directe, il ne
s’y prendrait pas autrement : au peuple les gadgets, à ses représentants
les projets structurants. C’est peut-être ça, le réenchantement de la
démocratie représentative.
Dans
ses modalités, ensuite. Le budget participatif, tel qu’il est prévu, est très
peu démocratique.
La
démocratie, ce sont des règles garantissant l’égalité devant le suffrage de
chaque électeur. Dans le système organisé par la mairie de Paris, rien ne
permettra de vérifier qu’un électeur ne vote pas plusieurs fois, ou vote pour
le compte de son voisin, et que devant le suffrage certains électeurs sont plus
égaux que d’autres. Aucun système ne garantira par ailleurs que seuls votent les
Parisiens. La question posée par l’élu UMP Jean-Baptiste de Froment lors
du conseil de Paris du 17 novembre 2014 « qu’est-ce
qui nous garantit que des décisions d’investissement importants ne seront pas
prises par des écoliers américains en vacances ou de manière automatique »
est restée sans réponse.
La
démocratie, c’est aussi d’avoir le choix. En guise de choix, on ne pourra voter
que pour des projets, jamais contre, et encore moins pour des économies (la
démocratie, ce n’est pas pour les générations futures). Un petit groupe de
pression bien organisé pourra ainsi imposer une idée qui susciterait le rejet
d’une majorité de Parisiens. L’amendement UMP visant à introduire la possibilité
de voter contre des projets a reçu un avis défavorable de l’exécutif parisien,
tout comme l’amendement présenté par l’élu UDI Eric Azières visant à permettre
de choisir de ne pas dépenser les crédits concernés, Pauline Véron, adjointe
chargée de ce dossier, déclarant qu'étant un budget positif, « il s’agit de voter pour des projets
et pas pour des économies ». Le positif, c’est la dépense. Dans
la démocratie bénie oui-oui d’Anne Hidalgo, le choix se fait entre le oui et le
oui, et on peut même voter plusieurs fois oui.
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